Thursday, November 1, 2007

Jalan Jaksa (par TO)

Jalan Jaksa, selon le guide du routard, c’est un petit coin de paradis préservé et authentique au milieu des gratte-ciels de la méchante Jakarta; une fleur dans le bitume qui sent bon le kampung et rappelle aux touristes l'Indonésie de ce bon vieux Soekarno.

Ce n'est pas faux: Jaksa a une âme. Un petit coté paisible et provincial, avec les poules et les chèvres qui se baladent dans les gangs (petites ruelles adjacentes a Jl Jaksa), les habitants qui cherchent la mosquée a 5 heures du matin en chemise de nuit, et l'atmosphère de glande totale qui y règne, que ce soit chez les touristes comme chez les Indonésiens.

La faune de Jaksa est un condensé d'humanité inhabituel et farfelu. Tous ces gens n'ont pas grand-chose en commun, mais il se retrouvent tous ici, attirés par les hôtels pas chers, la bière pas chère, et les filles (qui peuvent finir par coûter cher).

Il y a le backpacker étudiant, un peu chiant mais rigolo. Il a préparé son voyage en Indonésie pendant 6 mois avant de débarquer ici avec 3 sous dans la poche. Des rêves d’aventure pleins la tête, des stéréotypes, des idées toutes faites, il a la joue bien tendue prête à recevoir une claque... Pour l’heure, il ne fait pas beaucoup de bruit: il écoute sagement les conseils et les histoires des anciens...
Monopolisant la conversation bien que n’ayant plus les idées très claires, le Routard, avec un R majuscule, le vrai, celui du guide. Il parle de voyages; les siens, ceux qu’on lui a raconté, ceux qu’il invente au fur et a mesure qu’il enfile ses bières... Il en a fait des choses, il lui en ait arrive des couilles. Il est marqué par la vie; des cicatrices, des boutons... Il ne prend pas beaucoup soin de lui: La dernière fois qu’il a vu un médecin, c'était sur un cargo entre le Yemen et l’Erythrée. Il tousse mais continue de tomber ses clopes avec la mécanique d’une moissonneuse batteuse. Il n'aime pas son pays d’origine, "tous des abrutis" . Ça fait un bail qu’il est pas rentré à la maison alors il en est toujours à gueuler contre Margaret Thatcher ou Francois Mitterrand... Tony Blair c’est qui?*

Sur ses genoux, il y a peut-être une fille... Si elle a un mac, c’est lui qui vient te parler, il te présente sa soeur ou sa cousine, qui te met d'entrée de jeu la main sur la cuisse. Après elle te demande ou t’habite et elle te propose de venir avec toi parce qu’elle est fatiguée.
Sinon, les autres filles, elles sont la depuis des années pour la plupart. Il y a des filles super et des vraies salopes, des prostituées en freelance et des étudiantes qui ont toutes un point commun, elles cherchent un bule, un étranger. Les plus vieilles ont du vécu, c’est pour ça qu’elles s’entendent bien avec les routards... Un peu comme eux, elles ont loupé une bifurcation un jour, elles ont oublié de se poser. Maintenant, elles sont plus très belles, ont un gamin quelque part et pas beaucoup d’argent. Et le peu qu’elles ont passe dans la bière et les sorties au Stadium... Les plus malignes s’en servent comme contre-exemple et s’accrochent au premier bule venu en espérant se marier ...
Pas mal de touristes ont arrêté leur tour du monde à Jaksa, sur un joli sourire... Ils étaient là pour quelques jours mais, tombés amoureux ils font tout pour rester... Ils sont pas vieux et pas qualifiés alors ils font profs d’anglais et autres petits boulots. Ils rejoignent les long-term expats de Jaksa, un pot-pourri qui mériterait une revue tant on trouve de tout, du rentier au smicard en passant par le petit dealer... Mais pour simplifier, ils deviennent alcoolos.

Les soirées dans les bars de Jaksa se répètent: Il y a le groupe live, qui joue Abba, les Guns & Roses, les tubes indos du moment, et même quelques morceaux de Dangdut qui rassemblent tout le monde sur la petite piste de danse. On finit ivre-mort a 3 heures à discuter de trekking en Mongolie avec un danois ou un péruvien. Et puis on dit au revoir. On prend une adresse email, un numéro, et on promet de s'écrire. Et on remet ça le jour d'après. C’est ça Jaksa.


Quelques adresses conseillées: Le Ya Udah Bistro (bonne bouffe pas chère), le Memorie’s Cafe (souvent le bar le plus animé), le Cafe Betawi (groupes lives pas trop mal de temps en temps (rock et reggae), le BFC (sympa aussi avec une terrasse en plein air et de la Bali Hai)...

Voir aussi: Le Romance Cafe (par FV) sur Crazy Night$

*(authentique, question d’un anglais il y a trois ans)

4 commentaires:

Anonymous said...

when do you switch to english man ??
Sinon, il y a un cafe Betawi a Grand Indonesia, attention ! Ne pas confondre ! VB ; )

The Jakarta Team said...

Don't switch to english : our play-on-words would be crappy, our vocabulary would be poor and all our precious informations would be understandable for anyone...
We did this blog in the beginning to have fun, not to get famous or get some kind or recognition for the knowledge we'd record... and it seems to me it'd be funnier if i write in french...

Anonymous said...

DG ??

Anonymous said...

Prenez pas la grosse tête non plus, et continuez à faire ce super boulot pour les accros de Jakarta.