Thursday, November 15, 2007

Balade à Kota :Club Bulgary, Emerald, Tin-Tin, Raja Mas (par TO)

Mardi soir, après un bon bowling, SZ me propose d’aller au KSC 17 ou à l’Iguana à Menteng, mais je lui dis non : Je veux visiter un endroit où aucun de nous n’est jamais allé. Je sors alors mon calepin secret, avec des adresses griffonnées au fur et à mesure de mes pérégrinations. La première nous plait. Il s'agit du Furama, au 72, Jalan Hayam Wuruk. On s’engouffre dans un Express mais mes infos s'avèrent être périmées. A la place, on voit un écriteau énorme qui indique « Bulgary Club », avec la traduction en chinois dessous. Ils ont pas fait les choses à moitié au moins, le panneau est tellement lumineux qu’on le repère depuis Pancoran.

On arrête le taxi devant, à hauteur des BMW, des Merco et des 4X4 énormes. On nous demande si c’est pour le karaoké ou pour boire un verre. Hésitation... et puis en entendant dans le lounge la chanteuse s'égosillant sur les grands classiques de la musique mandarine, on se dit que forcément, c’est là-bas qu’il faut aller...

Je me suis bien fait critiquer par mes collègues chinoises parce que dans mes revues je parle toujours des Chinois par-ci, de la Chine par-là. Et malheureusement pour elles, je vais continuer parce que le Club Bulgary est Chinois à 100%, à part pour le staff. Le volume est pas trop puissant, c’est bien, on peut discuter facilement. Je trouve que ça ressemble à un cabaret parisien ou à un boudoir de la Belle Epoque, avec des peintures sur les murs (SZ me dit que c’est baroque, moi je dis c’est néo-classique... bonjour la culture..) et des statues en marbre représentant soit Jean de la Fontaine soit Robin Gibb des Bee Gees (ou alors c’est son frère). Ça fait un peu polisson comme endroit. Pourtant, à part quelques filles dans un coin, accompagnées d'une mamasan hideuse, il n’y a pas tant de prostituées que ça. Le libertinage atteint son comble quand 3 danseuses prennent la relève du groupe live pour faire leur petit show culotte paillettes. Pas très belles, tout le monde est soulagé quand elles s'arrêtent. SZ est un peu bourré, alors il enfile sa casquette, prend le micro et nous gratifie d’un magnifique « Jadikan Aku Yang Kedua », applaudi par toute la salle... Le manager vient quand même me voir pour dire qu’il faut que mon ami se rassoit. On vide alors notre verre de Bali Hai (pas de Bintang) et on sort. En partant, le même manager nous invite à revenir vendredi, promettant que les danseuses enlèveront tout cette fois-ci. Huuh... Ça fait froid dans le dos...

Après ça, on erre une bonne demi-heure dans les petites ruelles de Kota. Dans l'obscurité on ne voit pas les ordures alors on se croirait presque à Venise. On finit par débarquer par hasard à l'hôtel G2, juste à coté du Stadium. Au quatrième étage on y trouve une boite de nuit qui s’appelle l'Emerald Discothèque. On m’en avait parlé, parce que c’est là que les vrais clubbers se réfugient quand on les sort des clubs de Kota le samedi matin. C’est pas mal comme endroit, sans être vraiment exceptionnel. Il n’y a quasiment pas de dancefloor, juste plein de petites tables. Beaucoup de recoins sombres, des salles semi-privées, et pour la musique, ils passent les CD de house qu'on peut acheter un peu partout. Pour la déco, c'est utilitaire, genre usine à ecstasy: 4 murs, 1 plafond et un poster de Jim Morrison ça suffit. On ne reste pas très longtemps car c'est complètement vide à cette heure-là.

On pousse une rue après celle du Stadium, la même que celle du Monggo Mas. Il y a des dizaines d'enseignes avec marqué bar dessus. Le premier endroit s’appelle le Tin Tin, massage bar... c’est assez explicite. SZ va aux WC, moi j’attends tout seul dans la petite salle. La serveuse m'amène des mouchoirs, c’est sympa. Il y a des prostituées visiblement usées et des clients qui me font des petits sourires malicieux. Entre chaque chanson se passe un délai de trois minutes, le temps de rembobiner la cassette. SZ revient du petit coin visiblement troublé. Quelqu’un a fait caca dans les urinoirs me dit-il. C’est pas bien alors on s’en va. Pour nous retenir, le proprio tente le tout pour le tout en nous mettant I Want to Know What Love Is des Foreigners... On fait une pause, regards, hésitations, et puis non, on sort. On rentre dans le bar suivant, le Maha Bar, puis le suivant, l’Anggrek Panti Pijat, puis le suivant, le Top 10 Singing Hall. Très local. Le gardien, qui a la gorge un peu encombrée, est fier comme tout. Il nous dit "Rrrhhhaaagghh... Ici, c’est comme le Top 1 de Daan Mogot, rhhhaaagghh... mais nous c’est Top 10, donc c’est 10 fois mieux, rrrrhhhaaaaaaaagggghh". Et il se met alors à nous faire des grimaces et à déblatérer dans je ne sais quelle langue. On finit par lui laisser une cigarette.

Sur ce, on ne sait plus trop où se poser. Alors je ressors mon carnet magique, et je propose la Disco Batavia, dans l'hôtel Batavia, à Jalan Kali Besar. Pour s'y rendre, on passe dans le vieux Jakarta. Ça a vraiment du charme je trouve, ces rues désertes, ces bâtiments abîmés, le canal... je m’y promènerais bien des heures... L'hôtel Batavia donc : Un bel hôtel ma foi, on se croirait au Ritz-Carlton. Sauf que c’est ferme pour aujourd’hui.

On tente alors un dernier lieu, le Raja Mas, toujours à Hayam Wuruk. Il n'a pas très bonne réputation le Rajamas, c'est un vrai dépotoir parait-il. La façade extérieure est complètement ravagée mais le management a installé des néons roses et violets donc ça nous attire quand même. A l'intérieur, grosse surprise: Ils ont complètement rénové, et c'est plutôt un club high-class maintenant. Il y a un karaoke/spa et une grande discothèque avec des enceintes empilées les unes sur les autres pour faire des colonne de son de 5 mètres. Assssssourdissant !!! Dommage que ce soit de la Techno Kota® cependant parce que c'est propre et bien tenu. Quelques noms de la pop indonésienne y passent prochainement: Kerispatih le 17 novembre, Samsons le 22, Radja le 29.

On tient plus bien droit quand on décide de rentrer.

Sunday, November 11, 2007

KSC 17 : Kelinci & Scorpion Karaoke & Dangdut (par SZ)

Ça y est, j'ai trouvé pire que le NR Live Dangdut.


Après un Manhattan bien arrosé, il était hors de question que j'aille me coucher. EV me dépose donc gentiment devant la porte d'un "club dangdut qui a l'air pourri, tu verras l'entrée c'est une espèce de tunnel ça a vraiment l'air loufoque, j'ai jamais osé y aller, tu devrais aimer." En effet.

Je bloque pendant 5 minutes sur le logo en néons à moitié éteints que je n'arrive pas à déchiffrer, tellement les lettres sont formées bizarrement. Je passe l'entrée, "Mau cewek Mister ?" ("Voulez-vous une fille ?") : Le ton est donné.

Je descends les quelques marches qui me conduisent dans la première salle, sombre et assez grande, ça s'appelle "KSC 17". Je mets du temps à cerner le lieu. Je me suis d'abord cru dans un bunker de la seconde guerre mondiale qui aurait récemment subi une attaque de l'ennemi : le sol à même le béton est détérioré, et une odeur de poussière flotte. Je me ressaisis et je me dis "Mais non, je suis bien dans un bar, puisqu'il y a de la musique". Je distingue dans la pénombre des canapés en cuir lacérés et, sur un podium, une grosse caisse de batterie complètement défoncée. Et le système d'AC tombe en ruine du plafond... Je me dis : "Ce bar viendrait-il de subir l'attaque d'une équipe de fanatiques musulmans ?".
Visiblement non, car les quelques clients ne semblent pas vraiment sous le choc. Au fond, une autre scène contient des instruments de musique qui eux ont l'air en l'état. "Il faudra que je vienne voir une performance live en ce lieu". Je vais vers les toilettes qui, me dis-je, doivent valoir le coup d'oeil. Mais sur mon chemin, une fuite d'eau provenant du plafond pourri m'arrose désagréablement. Ça suffit !

Le management a installé de modernes seaux d'eaux pour récupérer l'eau des fuites

Je monte à l'étage, au "Scorpion". Là c'est moins trash. C'est juste une boîte techno pourrie avec volume à fond et 5 paumés sans doute sous ecsta qui trippent au milieu d'une grande piste de danse. Une prostituée me propose ses services, je décline.

J'ai pas vu où était le karaoké, mais j'en avais déjà assez fait pour cette fois ! ...

En sortant, un gars me raccompagne en me proposant une nouvelle fois une prostituée, je décline de nouveau. Il me serre la pince, et je sens sa main étrangement visqueuse et collante. C'était assez désagréable.

Autres photos (prises le 4/12/2007 lors d'une seconde visite):

L'invitation au confort


Les invités spéciaux ont droit a un traitement de faveur: Le carré VIP, son mini-bar jaune et ses tables en bois

Grosse affluence

Le DJ nous fait profiter des ses effets larsens


L'escalator étant en rénovation, on choisit d'emprunter les escaliers pour aller dans la salle Scorpion

La chasse d'eau ne marche pas? Pas de probleme, aidez vous de la bouteille!

En sortant des toilettes, n'oubliez pas de vous laver les mains

En pleine négociation pour faire un karaoké


Le groupe live essaie de motiver les gens pour une bonne partie d'échecs

Lieu :

Senen

Class :

Low-Class

Nakal :

Oui

Originalite :

Allée fleurie à l'entrée

Note :

5/10

Tuesday, November 6, 2007

Le X2-Equinox-Vintage-Ego (par TO)

Benny Benassi in X2, Jakarta

Si vous doutiez encore du caractère extravagant de Jakarta, je vous suggère une petite virée au X2 vendredi ou samedi soir. Le X2, c’est la nouvelle boîte très tendance du sud de Jakarta, et aussi l'une des plus grosses.

Le rendez-vous de la jeunesse dorée Jakartanaise

Ils ne voient pas tout a fait les choses comme nous quand ils sortent les riches Indos (qui sont le plus souvent de riches Chinois). Il y aurait une sociologie de la fête intéressante a faire d’ailleurs, avis a ceux qui savent faire ça.

La discrimination est poussée à son extrême dans les boites genre X2, Blowfish, Dragonfly, etc... Les plus pauvres, ils font la queue, se font parfois refouler (pour délit de jeans troués), ils paient leur Rp. 100,000 de prix d'entrée, ils attendent une heure leur boisson, et après ils restent debout dans la fosse en train de se faire bousculer par tout le monde. C’est nous ça... Remarque on est pas vraiment pauvre, surtout en Indonésie, mais c’est pas tout a fait notre culture a nous de faire autrement. Merci la Révolution Française.

Au X2, si tu veux être quelqu’un, voila ce que ca prend:

  • Si t’ouvre une bouteille, t’as droit à une guest-list (seul intérêt=passer par l’entrée GL, ou il y a autant de queue que l’entrée normale).
  • Si t’ouvre 2 bouteilles, t’as le droit à avoir des chaises
  • Si t’ouvre 3 bouteilles, on t’amène une table
  • Si t’ouvre le champagne, t’as une table “super deluxe”, et si en plus tu prends d’autres boissons, le nombre de super, de gold, de spécial et de deluxe augmente: Exemple= la super special gold deluxe table récompense ceux qui ont pris deux bouteilles de vin rouge + le coca qui va avec sinon c’est trop amer.
  • Si tu lâches 3000 euros pour la soirée, t’as le droit a la carte membre VIP, que seuls ceux qui ont donne 3000 euros ont le droit de recevoir. Et en rajoutant 2000 euros tu peux avoir la salle hyper privée tout en haut du X2, le Ego.

Et ainsi de suite, c’est sans fin... Mais ça marche à mort, parce que la fête en Indonésie a une fonction sociale très importante. On ne sort pas que pour s’amuser, mais surtout pour se montrer, pour se construire un réseau, pour étaler son influence. Et c’est vrai que c’est ce qui se passe: Les gens passent leur temps a s’observer, a s’épier. Quelles marques de fringues tu portes? Qu’est-ce que tu as dans ton verre? avec qui tu parles? etc... C’est un peu comme pour les mariages Indonésiens, ou des familles de paysans javanais dépensent pour la cérémonie de leur fils plus que ce qu’accepterait de mettre une famille de médecins en France.

Au final, il y a très souvent un seul mec qui paye pour tout le monde, en général un(e) fils/fille a papa, qui a beaucoup d’ami le samedi soir, et beaucoup moins le lundi matin.

Une collègue de mon bureau illustre bien cette revue. Un soir, je lui avais propose de venir à une fête chez un ami, mais elle m’avait dit qu’elle ne pouvait pas car elle devait aller se montrer au Blowfish, parce que c’est la que tout le monde était, et que ce n’est pas bon pour son image si on ne la voyait pas. Elle me raconta alors que le réseau est indispensable en Indonésie si tu veux avoir un bon travail, ou avoir des connections qui t’aideront dans ton business (pour avoir un permis, faire sauter une amende, etc...) et donc qu’elle n’avait pas le choix. Cette personne est par ailleurs titulaire de la Carte X2 VIP Platinum qui coute 18 million de Rp, parce qu’elle me disait qu’elle ne veut pas rentrer dans un club comme n’importe quel citoyen de seconde classe.

Avec tout ça, vous allez me dire, et je vous comprends: Mais que diable cher TO allez vous faire dans toutes ces galères, vous le stagiaire fauché?? Et ben il y a deux raisons principales:

  • Parce qu’on se laisse prendre au jeu: On sait que ça marche comme ça, et au final, nous aussi on commence a faire des pieds et des mains pour avoir une guest-list, une table et une bouteille. Et si l’ami d’un ami de la cousine du petit-fils de Suharto peut nous l’obtenir, on hésite pas a se faire un peu faux-cul et flagorneur.
  • Parce qu’il arrive qu’on s’amuse bien, certes en raquant un max. J’ai de très bons souvenirs de soiree au Blowfish avec l’ami CM, au Dragonfly avec l’Allemand-qui-paye-et-qui-assume, ou au X2 avec Divers. La musique est souvent bonne, très bonne même pour le X2, et il y a un cote chic qui n’est pas toujours déplaisant... Et puis les filles aussi dammit!!

Pour parler de la boite, deux paragraphes quand même: Le X2, c’est 2000 personnes (à vue de nez), 4 salles... La salle Equinoxe avec du Rnb, Hip-hop, classic disco, etc... La salle sans nom, avec de la house/techno (très,très bon sound-system)... La salle Vintage, où il y avait de la house du Red Square la seule fois où j’y suis allé... La salle du haut, l’Ego, qui est super privée, je suis jamais allé. Peu importe où vous serez, beaucoup de monde, trop même. Au point qu’on se fait marcher sur les pieds sans arrêt. C’est pénible... Pusing... Pusing... Pusing...

Bon en fait un paragraphe ça suffisait.

Lieu :

4eme etage de Plaza Senayan

Class :

High-Class

Nakal :

Non

Originalité :

Plus grosse boîte du Sud de Jakarta

Note :

5/10

Sunday, November 4, 2007

ML Disko (aussi appelée Moonlight Disco, par SZ)

Ce soir là, on était dans une mikrolet direction le Sun City. Mais rien à faire, je voulais découvrir quelque chose de nouveau. Le van me dépose donc en face d'un vieux building à l'enseigne lumineuse mal en point : 'ML Disko' (abréviation de "Moonlight Diskotek"). La rue est sale et pas très bien fréquentée. J'emprunte un escalier mal entretenu. C'est la montée en enfer.

Cette boîte est réputée car elle serait la seule de Jakarta à ne pas posséder l'AC. C'est faux ! De une le Café Queen rivalise, avec une température moyenne de 30,4 degrés. Par ailleurs il y a bien 1 combi AC pour ces hordes de clubbers shootés et survoltés. Ce combi est placé juste derrière le DJ, ce qui crée une agglutination de gens à cet endroit. Et puis il y a plein de ventilos super modernes, qui fonctionnent et même qui tournent. Résultat, on atteint à peine les 30 degrés. En plus, quand on meurt de chaud, on peut sortir sur le balcon sale, ou des tas de mecs bizarres cuvent, assis sur des bancs, en vous regardant étrangement. On peut au passage admirer la magnifique vue sur les buildings avoisinants qui tombent en ruine.

Le ML est une boîte homo, fréquentée à 90% par des gays, 5% par des lesbiennes, et 5% par d'autres gens arrivés là par hasard comme moi. J'ai fait le tour du lieu, je me suis pris 6 mains sur la bite, sans compter les mains au cul. Ca fait un peu peur.

Je n'ai pas osé boire le "cola" qu'on m'a servi, je n'avais vraiment pas confiance à la vue de la marque que je ne connaissais pas. J'ai un peu discuté avec les 2 uniques étrangers de la boîte à part moi. Un couple gay qui ne sort qu'ici et au Heaven...

Pour me remettre de ces émotions, j'ai dû me relaxer une heure dans un club dangdut à côté du Monggo Mas.

Merci TO de m'avoir suggéré ces 2 endroits, 2 bien belles découvertes...


Lieu :

A l’angle de Hayam Wuruk et Mangga Besar, 300 mètres plus au nord que le Stadium

Class :

Low-class

Nakal :

Oui, mais que pour les gays

Originalité :

Les toilettes sales valent le coup d’oeil

Note :

1,5/10

Thursday, November 1, 2007

Jalan Jaksa (par TO)

Jalan Jaksa, selon le guide du routard, c’est un petit coin de paradis préservé et authentique au milieu des gratte-ciels de la méchante Jakarta; une fleur dans le bitume qui sent bon le kampung et rappelle aux touristes l'Indonésie de ce bon vieux Soekarno.

Ce n'est pas faux: Jaksa a une âme. Un petit coté paisible et provincial, avec les poules et les chèvres qui se baladent dans les gangs (petites ruelles adjacentes a Jl Jaksa), les habitants qui cherchent la mosquée a 5 heures du matin en chemise de nuit, et l'atmosphère de glande totale qui y règne, que ce soit chez les touristes comme chez les Indonésiens.

La faune de Jaksa est un condensé d'humanité inhabituel et farfelu. Tous ces gens n'ont pas grand-chose en commun, mais il se retrouvent tous ici, attirés par les hôtels pas chers, la bière pas chère, et les filles (qui peuvent finir par coûter cher).

Il y a le backpacker étudiant, un peu chiant mais rigolo. Il a préparé son voyage en Indonésie pendant 6 mois avant de débarquer ici avec 3 sous dans la poche. Des rêves d’aventure pleins la tête, des stéréotypes, des idées toutes faites, il a la joue bien tendue prête à recevoir une claque... Pour l’heure, il ne fait pas beaucoup de bruit: il écoute sagement les conseils et les histoires des anciens...
Monopolisant la conversation bien que n’ayant plus les idées très claires, le Routard, avec un R majuscule, le vrai, celui du guide. Il parle de voyages; les siens, ceux qu’on lui a raconté, ceux qu’il invente au fur et a mesure qu’il enfile ses bières... Il en a fait des choses, il lui en ait arrive des couilles. Il est marqué par la vie; des cicatrices, des boutons... Il ne prend pas beaucoup soin de lui: La dernière fois qu’il a vu un médecin, c'était sur un cargo entre le Yemen et l’Erythrée. Il tousse mais continue de tomber ses clopes avec la mécanique d’une moissonneuse batteuse. Il n'aime pas son pays d’origine, "tous des abrutis" . Ça fait un bail qu’il est pas rentré à la maison alors il en est toujours à gueuler contre Margaret Thatcher ou Francois Mitterrand... Tony Blair c’est qui?*

Sur ses genoux, il y a peut-être une fille... Si elle a un mac, c’est lui qui vient te parler, il te présente sa soeur ou sa cousine, qui te met d'entrée de jeu la main sur la cuisse. Après elle te demande ou t’habite et elle te propose de venir avec toi parce qu’elle est fatiguée.
Sinon, les autres filles, elles sont la depuis des années pour la plupart. Il y a des filles super et des vraies salopes, des prostituées en freelance et des étudiantes qui ont toutes un point commun, elles cherchent un bule, un étranger. Les plus vieilles ont du vécu, c’est pour ça qu’elles s’entendent bien avec les routards... Un peu comme eux, elles ont loupé une bifurcation un jour, elles ont oublié de se poser. Maintenant, elles sont plus très belles, ont un gamin quelque part et pas beaucoup d’argent. Et le peu qu’elles ont passe dans la bière et les sorties au Stadium... Les plus malignes s’en servent comme contre-exemple et s’accrochent au premier bule venu en espérant se marier ...
Pas mal de touristes ont arrêté leur tour du monde à Jaksa, sur un joli sourire... Ils étaient là pour quelques jours mais, tombés amoureux ils font tout pour rester... Ils sont pas vieux et pas qualifiés alors ils font profs d’anglais et autres petits boulots. Ils rejoignent les long-term expats de Jaksa, un pot-pourri qui mériterait une revue tant on trouve de tout, du rentier au smicard en passant par le petit dealer... Mais pour simplifier, ils deviennent alcoolos.

Les soirées dans les bars de Jaksa se répètent: Il y a le groupe live, qui joue Abba, les Guns & Roses, les tubes indos du moment, et même quelques morceaux de Dangdut qui rassemblent tout le monde sur la petite piste de danse. On finit ivre-mort a 3 heures à discuter de trekking en Mongolie avec un danois ou un péruvien. Et puis on dit au revoir. On prend une adresse email, un numéro, et on promet de s'écrire. Et on remet ça le jour d'après. C’est ça Jaksa.


Quelques adresses conseillées: Le Ya Udah Bistro (bonne bouffe pas chère), le Memorie’s Cafe (souvent le bar le plus animé), le Cafe Betawi (groupes lives pas trop mal de temps en temps (rock et reggae), le BFC (sympa aussi avec une terrasse en plein air et de la Bali Hai)...

Voir aussi: Le Romance Cafe (par FV) sur Crazy Night$

*(authentique, question d’un anglais il y a trois ans)