Un jour, TO cherchait un accompagnateur pour aller "au petit bar à 2 étages pas loin de chez moi, tu sais, là où j'ose pas aller tout seul". Encourageant. L'étage en question, ben en fait, c'est un wartel (c'est à dire l'équivalent d'un cyber café mais sans internet, avec juste le téléphone). La terrasse du rez-de-chaussée est sympa si vous aimez les ventilateurs qui ne marchent pas, la TV diffusant des feuilletons populaires à volume sonore élevé, ou le susu ovaltine pakai es (lait pas frais, ovomaltine, et glaçons douteux, excellent choix si vous voulez rater une semaine de taff à cause d'une bonne colique). Les gens sont marrants et souriants. On lit sur une belle affiche qu'on peut même manger. Commandez un nasi goreng, on ira vous le chercher dans le warung d'à côté. Une table est souvent occupée par des prostituées qui sortent d'une obscure porte, à l'arrière du bâtiment, où jamais on n'osera mettre les pieds, ça a l'air vraiment trop glauque. Mais quand on demande une bière, on déchante : l'alcool, c'est à l'intérieur qu'il faut aller la chercher... Bon bah on va y aller quand même alors.
On finit notre es jeruk cul sec et on marche vers la porte en question. Un vendeur de pommes nous attend à l'entrée pour nous donner des forces avant de pénétrer dans cette antre sombre d'où provient une sourde musique. Le prix des consommations est affiché, on nous aura prévenu : Bintang à Rp. 18.000 (à peine plus chère qu'au Starmart), mouchoirs à Rp. 4.000 et cacahuètes à Rp. 5.000. Euh, oui ?
On rentre, on ne voit pas grand chose et il fait très chaud sous le toit en taule ondulée. Le décor est plutôt mal soigné (à base de pubs 'Bintang' et 'Guinness') et l'endroit manque clairement d'entretien. On s'assied sur un banc en bois et on observe. Un gros groupe de filles, assises sur une rangée de tables du bar, ont l'air de s'ennuyer et passent leur soirée à écrire des SMS. Peut-être des prostituées, mais alors les clients doivent être sacrément en manque ou les tarifs doivent être particulièrement bas pour donner l'envie d'aborder ces portes de prison.
Le dangdut hurle et sature dans les enceintes de mauvaise qualité. La piste de danse (sale) sur laquelle on suffoque de chaleur est en général assez remplie, et les habitués vous encouragent à travailler votre déhanché dangdut. La piste est par ailleurs bordée de miroirs fendus. La cabine du DJ est surplombée par un magnifique panneau fêlé 'operator'. La Bintang chaude à forte dose nous pousse vers les toilettes ultra-minimalistes, juste une rigole pour pisser... : au Café Queen, mieux vaut ne pas avoir envie de faire caca.
A un moment, le DJ fait un mix de folie, et le dangdut laisse place à une techno un peu effrayante : il est l'heure de partir. On demande la bill, on essaye sans succès de se faire épargner les 9.000 roupies de mouchoirs et de cacahuètes qu'on n'avait pas demandés, et on file encore 10.000 roupettes à la serveuse pour qu'elle nous lâche, car elle s'est assise à notre table en attendant son pourboire avant de repartir.
Ce bar est en vente depuis 6 mois. Alors, en sortant on redemande au gars de la terrasse c'est quoi le prix, juste pour savoir. Et c'est toujours 6 milliards de roupies (500.000 euros). Décidemment, c'est horriblement cher pour ce bâtiment qui tombe un peu en ruines.
Lieu : En plein milieu du quartier résidentiel de Guntur (on demande ce que ce bar un peu glauque fout là, et c'est pour ça que je l'aime).
Class : Low Class.
Nakal : Ca dépend si le filles décrites ci-dessus sont des putes ou pas.
Originalité : On boit la bière à la paille, on se choppe toute la mousse, délicieux.
Note : 7,5 / 10.
Lexique :
Nasi goreng : Plat indonésien à base de riz fris.
Warung : Petit restaurant de rue.
Es jeruk : Jus d'orange en glace.
Bintang : Bière indonésienne.
Dangdut : Musique traditionnelle indonésienne à base de rythmes arabisants.
1 commentaires:
L'indo on l'aime ou on la quitte... St.
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